Acquisition d’une tolérance aux insecticides en vergers de pommiers et ses conséquences chez une espèce auxiliaire, le forficule Forficula auricularia L.

Avis de Soutenance de thèse

Monsieur Adrien Le Navenant

du laboratoire IMBE (site Avignon) et de l’unité PSH (INRA Avignon)
Soutiendra publiquement ses travaux de thèse jeudi 28 Novembre 2019 à 9h30 dans l’amphithéâtre ADA du CERI (Avignon)

Composition du jury

Alain Pasquet CR-HDR CNRS, Nancy Rapporteur
Marie-Stéphane Tixier PR Supagro, Montpellier Rapporteur
Luc Belzunces DR INRA, Avignon Examinateur
Joël Meunier CR-HDR, CNRS Tours Examinateur
Florence Maunoury-Danger MCF, Université de Lorraine Invitée
Magali Rault MCF-HDR IMBE, Université d’Avignon Directrice de thèse
Myriam Siegwart Ingénieure INRA, Avignon Co-encadrante

Résumé de thèse
Dans le contexte Européen visant la réduction de l’utilisation des pesticides, la connaissance des effets des insecticides sur les auxiliaires est une piste novatrice et prometteuse au développement de nouveaux programmes en Production Fruitière Intégrée (PFI). Prédateur généraliste le forficule (perce oreille), Forficula auricularia L., contribue à la lutte biologique grâce à son efficacité sur certains ravageurs tels que les pucerons en vergers de pommiers.
Les forficules sont prélevés dans des vergers de pommiers (PACA, France) conduits en agriculture biologique (AB), en Production Fruitière Intégrée (PFI), en agriculture conventionnelle ou dans des vergers ne recevant aucun traitement phytosanitaire. Nos résultats montrent que cet auxiliaire est capable de développer des mécanismes de tolérance à un insecticide organophosphoré (OP), le chlorpyriphos-éthyl. Après exposition au chlorpyriphos-éthyl à la dose autorisée en vergers, les organismes provenant d’un verger conduit en agriculture conventionnelle sont caractérisés par une faible mortalité. Cette diminution de la mortalité est expliquée par une activité élevée des glutathion-S-transférases et des carboxylestérases, deux enzymes impliquées dans les voies de détoxication, et par une diminution de la sensibilité de l’acétylcholinestérase (cible moléculaire des OP au niveau du système nerveux). L’étude de la sensibilité de l’AChE vis à vis des OP, montre une dichotomie entre les mâles plus sensibles et femelles plus résistantes.
Nous nous sommes également intéressés à l’induction des Hsp70 après exposition au chlorpyriphos, pour évaluer les mécanismes de défense cellulaire mis en place. Les résultats, malgré leur grande variabilité, soulignent la différence de sensibilité entre vergers, et entre sexes au sein du même verger. Il est connu que les mécanismes de défense génèrent un coût métabolique important. Nous avons donc analysé la quantité de réserves énergétiques (glucides, lipides et protéines) ainsi que certaines caractéristiques morphologiques chez F. auricularia selon le verger d’origine des forficules. Les perce-oreilles prélevés en vergers conventionnels sont généralement plus petits que ceux provenant des autres vergers. La quantité de réserves dépend des conditions environnementales liées à l’utilisation des pesticides et de la période de prélèvement des forficules en vergers. En particulier la quantité élevée de glycogène observée chez les femelles prélevées à l’automne (deux mois après la fin des traitements) dans les vergers conventionnels, est en accord avec une réallocation des réserves pour la reproduction.
Cette étude met en évidence pour la première fois l’acquisition de mécanismes de tolérance chez le forficule fortement exposé aux insecticides en vergers conventionnels. Elle ouvre la voie à de nouvelles pistes de recherche sur l’apparition de cette tolérance en fonction de la pression anthropique exercée sur un auxiliaire des cultures.

Lieu
Amphithéatre du CERI
Campus Jean Henri Fabre
339 Chemin des Meinajaries
84911 Avignon Cedex 9

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