Changements environnementaux et climatiques dans l’ouest iranien durant les 15000 dernières années : apport des assemblages fossiles de chironomes (Insectes, Diptères) des séquences lacustres dans les provinces de Fars (SO Iran) et d’Ardabil (NO Iran).

Avis de Soutenance de thèse

Monsieur Cyril Aubert

a soutenu publiquement sa thèse : Jeudi 28 novembre 2019 à 13h30


Jury
Directeur de these M. Philippe PONEL IMBE
Rapporteur M. Laurent MILLET French National Centre for Scientific Research
Rapporteur Mme Isabelle LAROCQUE Universität Bern
Examinateur Mme Evelyne FRANQUET Aix-Marseille Université (AMU)
CoDirecteur de these M. Emmanuel GANDOUIN Aix-Marseille Université (AMU)
Examinateur Mme Marjan MASHKOUR Muséum national d’Histoire naturelle
Examinateur M. Nick MARRINER Université de Franche-Comté


Résumé
L’Iran est situé à l’interface de plusieurs grands systèmes climatiques et domaines biogéographiques. La région a été de plus l’un des centres de néolithisation précoce et de domestications végétales et animales. Malgré cela, l’Iran reste peu documenté du point de vue paléoécologique et de nombreuses questions paléoenvironnementales restent sans réponses : concernant par exemple les effets de la saisonnalité sur le fonctionnement des écosystèmes, le contexte environnemental lors de la néolithisation, ou encore le rôle des facteurs climatiques et anthropiques sur la dynamique des écosystèmes. L’objectif de cette thèse est d’apporter des éléments de réponses à ces questions en utilisant les chironomes fossiles de façon pionnière sur plusieurs séquences sédimentaires iraniennes et ce, dans différents contextes naturels et anthropiques. L’analyse du lac Neor (NO Iran), a révélé que les chironomes constituent un excellent bioindicateur de la temporarité des milieux aquatiques en relation avec les variations de températures estivales et les variations saisonnières de précipitations. Cette étude met en évidence l’alternance de périodes sèches et humides, reflet des variations hydrologiques du lac au cours du Tardiglaciaire et de l’Holocène. L’aridité climatique au début de l’Holocène serait reliée à une une forte saisonnalité des précipitations et notamment une diminution des précipitations printanières, fruit d’interactions complexes entre les principaux systèmes climatiques régionaux. Les phases humides à Neor seraient dûes à des températures estivales plus basses entrainant une évaporation moindre du lac. Ces températures estivales plus basses seraient liées à un renforcement des masses d’air froides sibériennes. Les résultats du lac Arjan (SO Iran), révèlent également un changement hydrologique majeur à la transition Tardiglaciaire-Holocène. À Arjan, le Dryas récent est caractérisé par des conditions aquatiques d’eau libre et profonde, tandis qu’au début de l’Holocène, le lac devient peu profond et fortement végétalisé, comme en témoigne la diversification de taxons littoraux et associées aux macrophytes aquatiques. La tourbière de Rouzian (SO Iran), située dans un contexte anthropisé au nord de Persépolis présente également des variations hydrologiques, très probablement à mettre en relation avec le développement local des sociétés humaines. L’augmentation de l’aridité entre 2500-1500 BP aurait incité les Achéménides à mettre en place des systèmes de gestion de l’eau dans les zones humides, provoquant une augmentation de l’humidité et du niveau d’eau dans la tourbière. La mare du palais d’Ardashir située dans un site archéologique sassanide localisé dans la plaine de Firouzabad (SO Iran), présente un changement hydrologique important autour du 5ème siècle après JC, comme en témoigne la diminution des taxons d’eau libre en faveur de taxons littoraux associés aux macrophytes aquatiques. Une nouvelle fois, ce changement hydrologique semble avoir été causé par l’intervention humaine, l’extension et l’aménagement des zones littorales de la mare. En conclusion, nos travaux montrent que les chironomes fossiles constituent un outil paléoécologique prometteur en Iran. Indépendamment des analyses palynologiques ou géochimiques, les chironomes permettent de reconstruire les changements hydrologiques et de révéler l’impact du climat ou de l’homme sur les hydrosystèmes des zones semi-arides. Cependant, quelques limitations techniques pourraient être palliées par la mise en place de fonctions de transfert basées sur les chironomes. Les chironomes permettraient des reconstructions paléoclimatiques quantitatives robustes, et de renforcer les connaissances sur les changements hydroclimatiques et hydrologiques en Asie du sud-ouest.


Lieu
CEREGE
TECHNOPOLE ENVIRONNEMENT ARBOIS-MEDITERRANEE
BP80 13545 AIX en PROVENCE, CEDEX 04, FRANCE
Amphitheatre CEREGE