Le projet MICROMED

par Marie Finocchiaro

Les microrefuges sont des sites de faible surface caractérisés par des conditions environnementales favorables à la survie de populations en dehors de leur aire de répartition. Les études en cours suggèrent que ces microsites sont moins soumis aux changements climatiques car ils bénéficieraient de conditions microclimatiques déconnectées du climat régional. Ces « havres » climatiques représentent une solution limitant les besoins migratoires des espèces, atténuant de fait les impacts négatifs des changements climatiques, et permettant à la flore une recolonisation plus rapide du paysage si les conditions environnementales redeviennent plus clémentes (Figure 1) (Keppel et al. 2012 ; Serra-Diaz et al. 2015 ; Hannah et al. 2014).

Le projet de recherche MICROMED vise à identifier les espèces végétales menacées par le changement climatique et à modéliser les microrefuges potentiels pour ces espèces en région Sud-PACA. Il s’appuie sur l’étude d’espèces actuellement en limite ou en disjonction d’aire de répartition en région Sud-PACA : Oxalis acetosella L. (Oxalidaceae), le Pain de Coucou, une herbacée forestière à distribution circum-boréale, et Arabis alpina L. (Brassicaceae), et l’Arabette des Alpes, une herbacée à distribution surtout boréale.

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Des enregistrements de température sont réalisés toutes les 15 minutes dans les microrefuges et dans leurs voisinages (50-100m) (figure 2). Ces analyses permettront une identification fine des caractéristiques topographiques et forestières qui permettent l’émergence des microrefuges. Les résultats préliminaires obtenus pour Oxalis acetosella sont très encourageants ; ils suggèrent des températures systématiquement plus froides dans les microrefuges comparées à celle du proche voisinage, et des communautés végétales aux affinités écologiques plus froides et humides (Finocchiaro et al 2021).

Les résultats de cette étude devraient permettre de proposer un réseaux d’aires protégées visant à atténuer les impacts du changement climatique (Hannah et al. 2014). Il s’agit ici de proposer des méthodes simples, naturelles et efficaces pour améliorer la résilience de flore méditerranéenne face au changement climatique.

Références :

Hannah, Lee, Lorraine Flint, Alexandra D. Syphard, Max A. Moritz, Lauren B. Buckley, et Ian M. McCullough. 2014. « Fine-Grain Modeling of Species’ Response to Climate Change : Holdouts, Stepping-Stones, and Microrefugia ». Trends in Ecology & Evolution 29 (7) : 390‑97. https://doi.org/10.1016/j.tree.2014.04.006.
Keppel, Gunnar, Kimberly P. Van Niel, Grant W. Wardell‐Johnson, Colin J. Yates, Margaret Byrne, Ladislav Mucina, Antonius G. T. Schut, Stephen D. Hopper, et Steven E. Franklin. 2012. « Refugia : Identifying and Understanding Safe Havens for Biodiversity under Climate Change ». Global Ecology and Biogeography 21 (4) : 393‑404. https://doi.org/10.1111/j.1466-8238.2011.00686.x.
Serra-Diaz, Josep M., Robert M. Scheller, Alexandra D. Syphard, et Janet Franklin. 2015. « Disturbance and Climate Microrefugia Mediate Tree Range Shifts during Climate Change ». Landscape Ecology 30 (6) : 1039‑53. https://doi.org/10.1007/s10980-015-0173-9.