Soutenance : Thèse de Lise Ropars : Les communautés d’abeilles sauvages dans les habitats protégés méditerranéens : diversité, interactions et co-occurrence avec l’abeille domestique

Par :
du 2020-09-04 - 14:00 au 2020-09-04 - 16:00

Amphitheatre Rouard
52 av Normandie Niémen

13013 Marseille

Composition du jury
 Mme Nathalie Machon, Professeure, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris (France) - Rapporteure
 M. Bertrand Schatz, Directeur de recherche CNRS, CEFE, Montpellier (France) - Rapporteur
 Mme Annie Ouin, Maître de Conférences, ENSAT, Toulouse (France) - Examinatrice
 M. Philippe Ponel, Directeur de recherche CNRS, Aix Marseille Université, Marseille (France) - Examinateur
 M. Denis Michez, Assistant Professeur, Université de Mons, Mons (Belgique) - Invité
 Mme Lidwine Le Mire Pecheux Docteure, Responsable du Pôle connaissances scientifiques du Parc national des Calanques, Marseille (France) - Invitée
 Mme Laurence Affre, Maître de Conférences, Aix Marseille Université, Marseille (France) - Directrice de thèse
 M. Benoît Geslin, Maître de Conférences, Aix Marseille Université, Marseille (France) - Directeur de thèse

Résumé  :
Le bassin méditerranéen français est constitué de territoires contrastés composés d’espaces urbains, de zones industrialisées et d’espaces naturels ou semi-naturels comprenant de nombreuses aires protégées à forts enjeux de conservation. Ces espaces protégés abritent une flore très diversifiée et attractive pour de nombreux insectes floricoles. Ainsi, de nombreux apiculteurs installent leurs colonies d’abeilles domestiques, Apis mellifera L., sur ces territoires. Confrontés aux demandes grandissantes d’installations de ruches, les gestionnaires d’aires protégées, notamment le Parc national des Calanques, s’interrogent sur les conséquences potentielles d’une densité élevée d’abeilles domestiques sur les communautés d’abeilles sauvages.
Dans un premier temps, il s’est avéré indispensable d’inventorier en amont la diversité des espèces de pollinisateurs, leurs traits écologiques, et leurs interactions avec la flore sauvage sur le territoire du Parc national des Calanques. Ainsi, à travers la compilation de campagnes de terrain sur une période de 10 ans, près de 250 espèces de pollinisateurs (Apoidea, Syrphidae et Bombyliidae) ont été répertoriées. Ces inventaires ont également fait état de la présence d’une espèce d’abeille encore jamais détectée en France, Nomada rubricoxa (Hyménoptère : Apidae) et d’une nouvelle espèce de syrphe encore non décrite - Pelecocera sp. (Diptère : Syrphidae). Sur cette base, les facteurs pouvant structurer les communautés d’abeilles sauvages ont été explorés. Ainsi, les petites abeilles (taille du corps < 1.2 cm) étaient sensibles à la fois à la composition de la communauté végétale locale et à l’occupation du sol à l’échelle du paysage (à 1km) tandis que les grandes abeilles (taille du corps > 1.2 cm) étaient sensibles à la l’occupation du sol à l’échelle du paysage (à 1km) et à la densité de colonies d’abeilles domestiques. En effet, la richesse spécifique et l’abondance des grandes abeilles sauvages diminuaient avec l’augmentation de la densité de colonies suggérant une compétition pour les ressources florales. Ce résultat a été confirmé à travers l’observation des comportements de butinage des abeilles domestiques et sauvages sur les trois espèces végétales dominantes de la garrigue : le ciste blanc, Cistus albidus L. ; le thym, Thymus vulgaris L. ; et le romarin, Rosmarinus officinalis L.. La compétition pour les ressources florales s’est manifestée par une exclusion compétitive des grandes abeilles sauvages et un changement de régime alimentaire des petites abeilles sauvages et des bourdons. L’intensité de cette compétition était plus importante au début du printemps, lors de la floraison du romarin. Enfin, une première estimation de la quantité de ressources florales disponibles (nectar et pollen) à l’échelle du territoire du Parc national des Calanques, et en se focalisant sur le ciste blanc, le thym et le romarin a été réalisée. A ce jour, les résultats indiquent que les ressources produites par ces trois espèces ne sont pas suffisantes pour couvrir les besoins alimentaires des abeilles domestiques installées sur le territoire du parc.
Cette thèse met donc en évidence les conséquences de la pratique de l’apiculture - à des densités élevées - sur les communautés d’abeilles sauvages au sein d’habitats protégés méditerranéens. Aux vues de l’importance de ces habitats pour les communautés de pollinisateurs sauvages, cette thèse propose également des préconisations de gestion visant à concilier la pratique de l’apiculture avec le maintien de la faune de pollinisateurs sauvages. Elle ouvre également de nouvelles perspectives quant à la nécessité d’approfondir les connaissances sur les traits écologiques des espèces de pollinisateurs sauvages, de développer de nouvelles méthodes de détection de la compétition entre pollinisateurs et de créer de nouveaux outils pour estimer les quantités de ressources florales disponibles à l’échelle d’un territoire.

Mots clés : abeilles sauvages, abeille domestique, compétition, préservation, aires protégées méditerranéennes, réseaux de pollinisation, ressources florales.

Voir en ligne : http://evenements.osupytheas.fr/pub...