Thématiques de recherche

Les thématiques des mes recherches conduites depuis maintenant plus de 35 ans relèvent principalement de l’écologie fonctionnelle, composante de l’écologie qui a peu à peu émergé au fil des dernières décennies. Plus précisément, ces recherches visent à mieux comprendre les processus fonctionnels gouvernant les écosystèmes méditerranéens ou montagnards, en mettant en avant les forçages climatiques (stress locaux ou changement climatique) et/ou anthropiques et en privilégiant la prise en compte du compartiment sol et des relations biodiversité-fonctionnement. Cette analyse fonctionnelle a aussi l’ambition de mieux comprendre la dynamique de ces écosystèmes afin d’en proposer une gestion durable.
Ceci n’a pu être abordé qu’en privilégiant successivement ou parallèlement plusieurs modèles d’étude, même si d’autres milieux, d’autres espèces ont pu aussi être abordés au fil des opportunités et des coopérations.
Ces modèles empruntés à l’espace méditerranéen (principalement France Méditerranéenne, Espagne, Algérie, Maroc) ont été :

-les hauts versants pyrénéens et les sols associés

-les steppes méditerranéennes

-les formations pré-steppiques à Genévrier thurifère et l’espèce Genévrier thurifère elle-même, voire l’ensemble du genre Juniperus

-Les chênaies méditerranéennes, principalement en Haute Provence

Ces recherches relèvent volontairement d’une écologie généraliste, prenant en compte l’ensemble des composantes abiotiques et biotiques des écosystèmes. Plus généralement, la question de la place de l’arbre dans l’écosystème, de son rôle dans leur fonctionnement ainsi que de leur adaptation dans des milieux fortement contraints a sous-tendu et sous-tend encore les recherches conduites.

Une autre évolution majeure au fil des ans a été celle du passage d’une écologie principalement descriptive des processus, des cycles et de la biodiversité - même si elles faisait déjà intervenir des dispositifs de mesure et des suivis d’écosystèmes - à une écologie plus expérimentale privilégiant la manipulation des écosystèmes dans leur environnement…notamment par rapport à l’impact du changement climatique, et ce, en particulier au niveau du site expérimental O3HP.

Ces thématiques et démarches, pour certaines assez nouvelles à l’époque ou elles ont été abordées, sont aujourd’hui au cœur des débats qui mobilisent la communauté scientifique des écologues, notamment pour ce qui concerne :
- la prise en compte des relations sol-végétation, au travers notamment l’étude du carbone organique du sol et celle des humus à la fois intégrateur des conditions environnementales et puits de carbone potentiel (Programme 4/1000 en cours), abordés de la Méditerranée au Québec..
- l’impact du changement climatique sur les écosystèmes forestiers et pelouses d’altitude
- la biodiversité édaphique et son rôle fonctionnel
- les relations homme-milieu en domaine méditerranéen marqué par une anthropisation très ancienne
-les approches expérimentales à développer « in natura » nécessitant une expertise technique pointue.

Dans les cinq dernières années, du fait de l’investissement important dans le montage de notre station expérimentale O3HP, les recherches ont plutôt concerné le Chêne pubescent, l’une des trois espèces arborées phares de la région méditerranéenne française. Les travaux ont ainsi concerné les effets de la sécheresse accrue prévue à l’horizon 2100 en région méditerranéenne et appliquée expérimentalement sur une parcelle donnée, sur divers processus (émission de Composés organiques volatils (COV) par les arbres, décomposition des litières et évolution des humus, croissance et phénologie des arbres, etc) .


Je me suis aussi investi dans un travail original (Thèse Coralie Mathaux) sur les très vieux genévriers qui colonisent les falaises du Sud de la France. La structure d’âge des populations, l’âge même des individus de même que l’adaptation de ces arbres à ces conditions particulièrement contraignantes ont été étudiés.

L’étude des humus et de la MO des sols a pu aussi dans cette période être abordée au travers de la thèse d’Antoine Cellier sur l’utilisation du compost pour « booster » la dynamique de la garrigue post-incendie et au travers de la thèse de Hussain Rizvi sur l’impact d’amendement calcaire sur la faune et les humus des forêts acides des Vosges.
Dans une équipe de l’IMBE (équipe DFME) où une des thématiques majeures abordée concerne les processus allélopathiques et leur importance dans la dynamique de la végétation et les relations interspécifiques, nous nous sommes aussi intéressé à l’influence des litières de différentes espèces – notamment du Chêne pubescent – sur la germination et croissance de différentes espèces cibles, et ce, dans un contexte de changement climatique en cours (Thèse Hazem Hashoum).