Thématiques de recherche

par Erwann Loret

Lorsque j’ai intégré l’IMBE en 2017, il était convenu que je puisse continuer mes recherches sur le VIH à la faculté de Pharmacie. Mon approche vaccinale plaisait bien à Thierry TATONI, le directeur de l’IMBE à l’époque, car elle était basée sur une observation de patientes gabonaises qui avaient guéris naturellement d’une infection au VIH-1 dans les années 80. Malgré des résultats très prometteurs présentés au congrès de Berlin en 2017 (Loret 2017) montrant qu’une dizaine de patients vaccinés en 2013 n’avaient plus de cellules infectées par le VIH-1 détectables depuis plusieurs années, j’ai été dans l’obligation d’arrêter mes travaux sur le VIH. J’ai eu une dernière publication sur le VIH en 2019 suite à une collaboration en 2016 avec une ancienne étudiante Sonia MEDIOUNI en Post doc à l’Université de Floride (Médiouni et al 2019).

J’ai donc changé de sujet de recherche en 2017 en associant une approche pharmacologique sur le cancer et la biologie marine avec l’extraction de principe actif à partir de l’anémone de mer Anemonia viridis (Projet MEDANEMO1). J’ai développé une nouvelle méthode de purification qui a permis la découverte de principes actifs bloquant un des mécanismes de l’angiogenèse (formation de vaisseaux sanguins). L’angiogenèse est essentielle lors de l’embryogenèse mais n’est plus utile pour un adulte. Malheureusement c’est cette capacité de nos cellules souches à se transformer en cellules endothéliales qui va servir à la croissance des tumeurs et la formation de métastases. Ces travaux ont été publiés dans la revue Marine Drugs en 2018 (impact factor 5,3) et j’ai déposé comme coordinateur une ANR sans succès en 2017 (MEDANEMO1). Après avoir assisté à des réunions organisées par l’ANR on m’a conseillé d’utiliser la même approche mais contre le diabète de type 2 dans la section CES Recherche Translationnelle en Santé. J’étais coordinateur comme en 2017 mais le projet n’a été classée que B en 2018 (MEDANEMO2). Je n’ai plus représenté de demande à l’ANR.

En quittant la faculté de Pharmacie en 2018, j’ai dû laisser beaucoup d’équipements et je n’ai pas pu continuer mon projet de recherche sur la caractérisation de principes actifs contre le cancer et le diabète à partir de l’anémone de mer Anemonia viridis. N’ayant aucun moyen financier j’ai dû à nouveau réorienter mes recherches sur une approche très basique (mais peu onéreuse) de l’observation de la prolifération de l’algue Ulva lactuca responsable des marrées vertes en Bretagne. J’ai monté sans succès comme coordinateur un projet européen en 2018 pour l’étude et la valorisation de cette algue (projet VIMCAV1). Avec la partenaire espagnole de se consortium Herminia Dominguez, j’ai écrit une revue sur les Ulves qui a été accepté dans Marine Drugs en 2019 et un chapitre d’un livre en 2021.

J’ai remarqué que des Ulves prélevées en Bretagne blanchissaient au contact de l’eau de mer prélevée en Provence. J’ai constaté que ce blanchiment avait toujours lieu après filtration à 0,2 µm et que donc ce phénomène pouvait être lié à une lyse virale. J’ai réussi à convaincre un groupe d’investisseurs bretons que ce virus pourrait être utilisé pour limiter la prolifération des Ulves en Bretagne. La société VIRALGA a été créée à Nantes en 2019 pour financer mes recherches et en particulier l’identification du virus en collaboration avec une équipe de l’université d’Alicante financé par VIRALGA (projet VIMCAV2). J’ai écrit un article qui a été accepté dans Marine Drugs mais des problèmes financiers ont fait que les frais de publication n’ont pas pu être pris en charge et l’article a été déposé dans HAL comme prépublication. J’ai remarqué que cette « prépublication » était accessible comme une publication via « Google Scholar » et j’ai été contacté de la même manière que pour une « vrai publication ». Je rappelle qu’il y a des revues comme PLOS où il suffit de payer les frais de publication pour avoir l’article accepté.

Ces travaux sur les Ulves m’ont permis d’être sélectionné dans la « Task Force Océan » du CNRS en janvier 2020 et j’ai eu une communication acceptée au congrès « Protect our Ocean » organisé par Aix Marseille Université en juin 2021.

Un nouvel investisseur breton permet de relancer mes recherches (projet VIMCAV3) avec une convention qui est en train d’être établie avec Aix Marseille Université et VIRALGA, de nouveaux partenaires académiques européens (allemand et belge) et privé (la Startup Marseillaise GENXMAP) viennent renforcer le consortium déjà existant.