Depuis 2022, l’équipe POPCO-IMBE-développe des recherches au Sénégal autour des enjeux de transition agro‑écologique et de co‑viabilité homme‑nature en contexte sahélien. Portés par Hervé Jourdan, ces travaux s’inscrivent dans des territoires marqués par une forte hétérogénéité des usages agricoles, des densités de couvert végétal contrastées et une saisonnalité très prononcée.
Des missions de terrain pour appuyer la recherche
À l’automne, des missions ont été menées dans le bassin arachidier par Hélène de Méringo et Arne Saatkamp avec deux objectifs complémentaires :
comprendre le rôle d’une fourmi « ingénieure », Messor galla, dans la dispersion des graines et le maintien d’une biodiversité utile en paysages agricoles ;
explorer l’apport de l’éco‑acoustique pour le suivi à long terme des écosystèmes et des pratiques humaines associées.
Les fourmis, ingénieurs des écosystèmes
Dans le cadre du projet européen Galileo, l’étude s’intéresse aux services écosystémiques fournis par la nature en contexte d’agriculture familiale durable. Elle analyse les interactions entre arthropodes et biodiversité des adventices en bords de champs, en particulier le service de dispersion des graines assuré par la fourmi granivore Messor galla.
Susceptibles d’influencer fortement le fonctionnement et la durabilité des agroécosystèmes, ces fourmis font l’objet d’une évaluation fine de la flore adventice le long d’un gradient d’intensification agricole et de densité de nids. Au total, près de 800 placettes de végétation ont été caractérisées afin d’estimer l’importance de la dispersion de graines par les fourmis.
Éco‑acoustique : vers un suivi de long terme des milieux sahéliens
Parallèlement, un réseau d’enregistreurs acoustiques passifs est déployé depuis plusieurs mois le long de gradients d’usage agricole (bassin arachidier) et de restauration (zone de la Grande Muraille Verte). L’objectif : établir des états de référence pour suivre l’évolution de la biodiversité à partir des signatures acoustiques animales.
Une expérimentation spécifique a permis de calibrer la propagation du son dans des milieux densément végétalisés. Couplés à un inventaire standardisé de la faune, ces résultats aideront à relier les signaux acoustiques aux niveaux réels de biodiversité.
Partenariats et soutiens
Ces travaux bénéficient du soutien de la MITI du CNRS (projet Rescape) et de l’OHMI Téssékré, en collaboration avec Étienne Thoret (Institut de Neurosciences de la Timone).