Équipe SANTES – SANté et Toxicologie EnvironnementaleS

Présentation

Résolument interdisciplinaire, l’équipe SANTES mène des recherches intégrant santé humaine et santé des écosystèmes selon l’approche holistique d’une Santé Unique (One Health). L’équipe compte 21 statutaires dont 10 sont habilités à diriger les recherches (HDR) pour l’encadrement de travaux dans le domaine de l’écologie de la santé en tissant des liens entre écologie, sciences biologiques & médicales, et sciences humaines & sociales.

Dans un contexte d’anthropisation croissante conduisant à l’émergence de stress environnementaux de nature chimique, physique ou biologique, tous les êtres vivants, dont l’Homme, se trouvent confrontés à des expositions multiples et variées, tout au long de leur vie et ce, dès le développement.

Nos objectifs sont de documenter les dangers constitutifs de l’exposome en évaluant par exemple les effets des faibles doses, les effets différés et les effets de mélanges complexes de xénobiotiques, de particules et de rayonnements sur l’Homme et les écosystèmes. Notre démarche globale consiste à identifier et caractériser des dangers, préalable indispensable à la définition d’une conduite de prévention des risques liés à l’exposition ainsi qu’à définir des politiques publiques et normes juridiques s’agissant des cocktails de biocides. Notre démarche consiste également à proposer des stratégies d’éco-conception intégrative, c’est-à-dire des développements durables et ayant fait la preuve de leurs innocuités, de molécules biosourcées (nature-based solutions) dans le domaine des phytosanitaires et des cosmétiques. L’équipe s’intéresse également à des solutions basées sur la nature pour : (i) endiguer l’accumulation d’algues vertes sur les côtes, dont la prolifération massive est la cause de troubles de santé environnementale et humaine, (2) développer des procédés de bioremédiation de sols pollués aux Antilles.

Compétences : biologie cellulaire, biologie moléculaire, domaine de la santé, droit de l’environnement, écotoxicologie, génotoxicologie, microbiologie, mutagénèse, physico-chimie de la formulation, toxicologie environnementale, synthèses de biomolécules, virologie

Thèmes de recherche

L'Équipe

Animateur de l'équipe SANTES
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Animateur de l'équipe SANTES
MCF-Maitre de Conferences
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Karim Benbrahim
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Patricia Bremond
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Dominique Casanova
PR-Professeur
Blandine Courbiere
MCF-Maitre de Conferences
Victor David
CR-Charge de Recherche
Laetitia Dejong-Moreau
MCF-Maitre de Conferences
Carole Di Giorgio
MCF-Maitre de Conferences
Erwann Loret
CR-Charge de Recherche
Herve Macarie
CR-Charge de Recherche
Xavier Moreau
PR-Professeur
Caroline Orneto
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Thierry Orsiere
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Calli Paul
DC-Doctorant
Jeanne Perrin
PR-Professeur
Valérie Pique
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Maxime Robin
MCF-Maitre de Conferences
Irene Sari-Minodier
MCF-Maitre de Conferences
Christophe Sauzet
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Nadira Taieb-Largois
MCF-Maitre de Conferences
Virginie Tassistro
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Laureline Terlier
ITA-Ingenieur Technicien Administratif
Pierre-henri Villard
MCF-Maitre de Conferences
Axel Viton
DC-Doctorant

Collaborations

Galerie photos

La Toxicologie environnementale en quelques lignes...

Définition synthétique

La toxicologie environnementale est une science qui étudie les effets des substances chimiques, biologiques et physiques présentes dans l’environnement sur la santé des populations et des organismes, y compris les humains. Elle renseigne sur la compréhension des mécanismes par lesquels agissent ces substances pour causer des effets délétères et permet d’évaluer le danger, paramètre indispensable dans l’évaluation des risques associés à leur exposition.

Historique de la Toxicologie Environnementale

Les premières observations des effets toxiques des substances chimiques remontent à l’Antiquité notamment les empoisonnements des populations romaines qui utilisaient le plomb dans les conduites d’eau, dans la vaisselle, dans les cosmétiques et même comme condiment. Ainsi l’usage usuel du plomb dans cette société probablement causée une des premières catastrophes écologiques de l’histoire. Mais ce n’est qu’avec la révolution industrielle au 18ème et 19ème siècles que la toxicologie environnementale s’est progressivement imposée en tant que discipline scientifique. A cette époque l’importante activité minière ainsi que le développement des sites industriels annoncent les prémices de contaminations des sols, de l’air et des eaux qui entraineront des problèmes de santé publique. Les premiers travaux ont porté sur les effets des éléments traces métalliques et métalloïdes (ETMM) et des gaz industriels. Le 20ème siècle a vu l’explosion quantitative et qualitative de l’usage de xénobiotiques, substances étrangères au vivant issue de l’industrie chimique et de nos activités anthropiques ainsi que la naissance de la toxicologie moderne. Des événements marquants comme la catastrophe de Minamata au Japon, où des milliers de personnes ont été empoisonnées par du mercure, ont mis en lumière l’importance de cette science et l’importance de comprendre les biotransformations des xénobiotiques dans l’environnement pouvant être à l’origine de leur biodisponibilité et de leur toxicité. L’année 1962 marque un tournant dans l’histoire de cette science avec la publication du livre de la scientifique américaine Rachel Carson “Silent Spring” qui a sensibilisé le public aux dangers des pesticides en dénonçant le déclin des populations d’aigle, animal emblématique des États-Unis. Et l’engouement qu’elle a suscité a conduit à la création de l’Agence de protection de l’Environnement aux États-Unis (USEPA). Au cours des dernières décennies, la toxicologie environnementale a continué d’évoluer. Les chercheurs se sont penchés sur les effets des perturbateurs endocriniens, des nanoparticules et des produits chimiques émergents. Les avancées technologiques ont permis des études plus précises et détaillées, notamment grâce à la biologie moléculaire et à la génomique.

La toxicologie environnementale & le Concept de “One Health”

Le concept de “One Health” ou “Une Seule Santé” est une approche holistique qui reconnaît l’interconnexion entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale. Ce concept est particulièrement pertinent en toxicologie environnementale, car les polluants peuvent affecter tous les aspects de l’écosystème. Le concept de “One Health” trouve ses racines dans les travaux de médecins et de vétérinaires du 19ème siècle qui avaient déjà noté les liens entre la santé humaine et animale. Cependant, ce n’est qu’au début du 21ème siècle que le concept a été formalisé et adopté par des organisations internationales comme l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture) et l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale).

En toxicologie environnementale, l’approche “One Health” implique de considérer les effets des substances chimiques non seulement sur les humains, mais aussi sur les animaux et les écosystèmes. Par exemple, les pesticides peuvent contaminer les sols et les cours d’eau, affectant ainsi la faune et la flore, et par extension, la santé humaine. L’un des principaux défis de l’approche “One Health” est la nécessité de collaborations interdisciplinaires. Les toxicologues, les écologistes, les médecins et les vétérinaires doivent travailler ensemble pour comprendre et évaluer les risques. Les perspectives incluent le développement de nouvelles méthodes de détection et de prévention des polluants, ainsi que des politiques publiques plus intégrées et efficaces.

Conclusion

En conclusion, la toxicologie environnementale est une science en constante évolution, essentielle pour protéger la santé publique et les écosystèmes. L’approche “One Health” offre un cadre holistique pour aborder les défis complexes posés par les polluants environnementaux. En reconnaissant l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale, nous pouvons mieux protéger notre planète et ses habitants.

La toxicologie environnementale s’intègre dans l’écologie de la santé. Ce concept plus large et intègre les interactions entre les systèmes écologiques et la santé humaine. Il examine comment les changements dans les écosystèmes, tels que la perte de biodiversité, le changement climatique et la pollution, influencent la santé des populations humaines. L’écologie de la santé vise à promouvoir des environnements sains pour améliorer la santé publique et la durabilité des écosystèmes.

Les points communs de nos recherches en toxicologie environnementale

Nos recherches en toxicologie environnementale sont résolument multidisciplinaires et associent chimistes, biologistes, toxicologues, écotoxicologues, génotoxicologues, microbiologistes, médecins, mathématiciens, acteurs sociaux économiques dans des projets communs.

Les projets concernent des pollutions de l’air (TITANS, EDIFIERS, MATISSE), des sols (TITANS, MATISSE) et des eaux (LICOCO, EDIFIERS, MATISSE, PRESERVER).

Parmi nos champs d’expertise la génotoxicologie, l’analyse de l’expression de gènes cibles et les traits d’histoire de vie chez les invertébrés (croissance des populations, développement) occupent une place de choix dans nos projets.

Nos modèles in vitro (cultures cellulaire humaines) et in vivo (invertébrés aquatiques avec notamment l’hydre d’eau douce) sont généralement associés dans nos projets où les réponses biologiques recherchées sont multi-échelles : molécules, organismes, individus, population.

Nos modèles in vivo et in vitro s’inscrivent dans la règle des 3R : Remplacer, Réduire, Raffiner (CNRS, 2020). Cette règle correspond à une démarche éthique pour limiter l’usage des vertébrés dans les expérimentations et préférer des modèles in vitro ou des animaux moins sensibles à la douleur tels que les invertébrés à l’exception des céphalopodes. Les hydres d’eau douce que nous élevons ne possèdent ni cerveau ni concentration ganglionnaire, mais seulement un réseau diffus de neurones et ainsi s’intègrent dans cette démarche plus éthique.

Nos projets relevant de la Toxicologie environnementale

ANR-22-CHLD-0002 LICOCO

Vivre avec la chlordécone : une co-construction fondée sur les opportunités

Réunissant des chercheurs de différentes disciplines, LiCOCO fera le point sur l’état des connaissances sur la chlordécone et ses impacts. Ce projet vise notamment à étudier, questionner et imaginer le quotidien des populations avec la chlordécone et à développer des solutions en termes de politiques publiques. En interrogeant les différents discours sur la pollution à la chlordécone (politiques, scientifiques et profanes) et les représentations que les différentes couches de la population ont sur cette pollution, l’objectif de ce projet, entre sciences sociales et sciences expérimentales, est de travailler au développement d’outils pour restaurer la confiance entre les pouvoirs publics et les populations.

LiCOCO rassemble cinq partenaires : L’institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE), le Laboratoire des écosystèmes et sociétés en montagne (LESSEM), le Laboratoire des matériaux et molécules en milieu agressif (L3MA), AZUR ISOTOPES, le Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales (LERASS) et le LC2S (coordinateur).

Début/fin du projet : janvier 2023/décembre 2026

Projet R &D PRESERVER

« PeRturbateurs EndocrinienS et autres polluants dans les Eaux usées et les RiVières de la MAMP : détEction et caractéRisation des effets des mélanges sur le vivant »

Ce projet implique la Métropole Aix-Marseille Provence, Le Laboratoire de Chimie de l’Environnement (UMR 7376) et l’équipe SANTES. Début 1er janvier 2024 – fin 31 décembre 2025. Ce projet multidisciplinaire s’inscrit dans le contexte One Health en renseignant la santé des écosystèmes et la santé humaine.

Objectifs : (i) état des lieux de la situation concernant essentiellement les perturbateurs endocriniens et dans les limites du possible d’autres polluants dans l’eau pour établir une liste des substances prioritaires ; (ii) développement de bioessais sur modèles in vivo (modèle hydre d’eau douce) et in vitro (cultures cellulaires humaines, lignée AGS) pour caractériser les effets de prélèvements d’eaux issus de l’Huveaune, du Jarret et de trois stations d’épuration de la Métropole ainsi que les effets de mélanges de xénobiotiques reconstitués en laboratoire à partir des données du terrain.

AAP3TR Amidex Transfert MATISSE

Le projet MATISSE (Multi‐scale pfAs conTamInation Study in the Fos‐Berre induStrial arEa) s’inscrit dans une démarche « One Health » en visant à documenter les effets sur l’Homme et les écosystèmes, considérant que l’Homme n’est pas étranger à l’écosystème mais que l’écosystème est un tout intégrant l’Homme. Face au manque de données relatives au niveau de contamination de l’environnement en composés per-et polyfluorés (PFAS) et aux conséquences induites par ces contaminations en termes de toxicité, le projet MATISSE tentera de répondre à 3 grandes questions scientifiques :

  1. OCCURRENCE Quels sont les PFAS que l’on retrouve dans les eaux souterraines, eau potable et lichens de la zone d’étude très anthropisée de Fos-Berre? Y a-t-il des différences entre un site d’utilisation (Berre-Fos) et un site de production (Lyon) ?
  2. EXPOSITION : Quels sont les voies de transfert et les modes d’exposition actuels de la population de la zone industrielle du golfe de Fos aux PFAS réglementés, non réglementés et émergents ainsi qu’aux mélanges contenant des PFAS ?
  3. TOXICITE : Quels sont les effets d’exposition chroniques à des mélanges contenant des PFAS à des concentrations environnementales sur l’animal (tests d’écotoxicité sur un invertébré aquatique modèle avec plusieurs niveaux de réponse) et sur la santé humaine (tests de génotoxicité in vitro permettant d’observer différents types de lésions à primaires de l’ADN et de mutations chromosomiques) ?

MATISSE veut apporter des connaissances sur les niveaux d’exposition sur le site très anthropisé de Fos-Berre avec un état des lieux des nappes phréatiques de la Crau et des eaux potables, l’étude des niveaux de contamination des lichens pour les transferts aériens, suivis d’une étude multimatrice généralisée (eaux de surface/mer, sols, sédiments biota) parallèlement à une évaluation des effets sur la santé animale et humaine.

Durée: 01/01/2024 au 31/12/2026

La santé reproductive

De très nombreuses études démontrent les effets délétères sur la reproduction féminine et masculine d’expositions environnementales reprotoxiques comportementales (tabac, alcool, cannabis, surpoids), domestiques (perturbateurs endocriniens (PE), pesticides) et/ou professionnelles (PE, métaux, solvants, pesticides, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), nanomatériaux, agents physiques dont la chaleur et les vibrations pour l’homme). Ainsi le style et les habitudes de vie entrainent une exposition passive ou active aux toxiques environnementaux pouvant impacter la fertilité masculine et féminine, le développement et la santé des enfants, mais aussi certaines pathologies gynécologiques comme le cancer du sein ou l’endométriose.

Par ailleurs, les traitements de certaines pathologies de la sphère reproductive (comme les tumeurs ou cancers gynécologiques ou génitaux masculins), sont eux-mêmes délétères pour la reproduction.

Le groupe « santé reproductive » étudie l’impact de différents composants environnementaux et/ou professionnels sur les gamètes, la fertilité, le développement, les pathologies gynécologiques grâce à des outils multi-échelle (in vitro, expérimentation animale, épidémiologie humaine).

La bi-appartenance hospitalo-universitaire de la plupart de ses membres permet également un lien étroit avec les thématiques de soin telles que l’assistance médicale à la procréation, la préservation de la fertilité, l’andrologie, l’oncologie et la gynécologie.

DIAHR

Ce projet implique le Service de Dermato Oncologie, Dermatologie Générale et Vénéréologie du Pr Marie Aleth RICHARD (APHM, Hôpital de la Timone), la Société Alphenix et l’Equipe SANTES

PREVENIR-FIV

Ce projet porté par le Pr Jeanne PERRIN implique les Hôpitaux Universitaires de Marseille (porteur du projet, financement PREPS par la DGOS), et l’Hôpital St Joseph (Marseille), les CHU de Bordeaux, Toulouse, Rennes, Rouen et Créteil, et l’équipe SANTES (Pr Blandine COURBIERE).

 

Solutions basées sur la nature

Les activités humaines qu’elles soient d’origine industrielle, agricole ou domestique entraînent de nombreuses perturbations des écosystèmes avec des conséquences en retour pour la propre survie de notre espèce. Plusieurs cas de notoriété publique le rappellent. Le rejet en mer d’éléments nutritifs comme l’azote ou le phosphore à travers nos eaux usées ou résultant de l’épandage de lisiers de porcs sur les sols entraîne par exemple le développement incontrôlé d’algues sur le littoral breton avec des nuisances qui ne sont pas seulement visuelles ou olfactives.

Un autre cas tout aussi grave que celui des marées vertes est l’agriculture intensive et son usage immodéré des pesticides qui sont responsables de l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs, indispensables à l’équilibre des écosystèmes. Le déclin des abeilles domestiques et surtout des espèces sauvages (abeilles solitaires, bourdons, etc…) qui assurent 90% de la fécondation des plantes à fleurs et près de 80% des cultures, est une menace pour la coévolution plantes-insectes et pour l’alimentation humaine et animale.

Cette pollution par les pesticides peut aussi parfois se révéler être extrêmement rémanente dans l’environnement et persister des décennies, voire des siècles dans les sols et les nappes phréatiques. C’est le cas par exemple de la chlordécone, cet insecticide organochloré utilisé aux Antilles pour contrôler les populations de charançon du bananier, qui 30 ans après l’arrêt de son utilisation, continue à contaminer la totalité des écosystèmes et de la chaîne trophique jusqu’aux êtres humains et y est responsable d’une crise environnementale, sanitaire et sociale sans précédent. La dernière étude d’imprégnation réalisée en 2013/2014 a montré que la chlordécone pouvait être détectée dans le sang de plus de 90% de la population antillaise avec des conséquences sur leur santé à long terme que l’on est à peine en train de découvrir.

Les recherches menées dans le cadre de la thématique solutions basées sur la nature visent à utiliser les outils que la nature met à notre disposition pour essayer de pallier aux problèmes que nous lui causons. Dans le cas des algues vertes nous essayons d’utiliser un virus parasite naturel de ces dernières, découvert en Provence, pour contrôler leur population dans l’environnement.

Dans le cas de la chlordécone, nous cherchons les moyens de stimuler l’activité des micro-organismes naturellement présents dans les sols antillais et capables de la dégrader de façon à les dépolluer et casser les transferts du sol vers les autres compartiments environnementaux. Même aujourd’hui, le sol reste en effet le principal réservoir de chlordécone vu que la molécule y était épandue autour des pieds de bananiers. Ces travaux sont menés en étroite collaboration avec nos collègues du thème Toxicologie environnementale. Pour l’instant une transformation ultime de la chlordécone en produits inoffensifs que sont le CO2, H2O et Cl n’ayant pu être observée, il est indispensable de s’assurer que les produits de transformations qui sont libérés par les microorganismes dans l’environnement ne sont pas plus dangereux que le produit de départ.

Pour préserver les écosystèmes il est aussi indispensable de mieux les connaitre.

Phyt’Abeilles (2022-2025) est un projet de sciences participatives, financé par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) sur l’instrument de financement Ecophyto 2+ et piloté par la Bergerie Nationale de Rambouillet et l’IMBE. Il vise à étudier les abeilles sauvages et leur interaction avec les cultures florales (biologiques ou conventionnelles), et à évaluer l’impact des produits phytosanitaires sur la santé des abeilles.

Seize établissements d’enseignement agricole (lycée Agricoles et BTS), à l’échelle nationale, ont intégré le projet et participent à des protocoles de recherche sur différentes cultures, sous la direction de chercheurs, spécialistes des plantes (université d’Orléans), des pollinisateurs (CNRS CEFE Montpellier, IMBE, iEES Paris) et des interactions plantes-pollinisateurs (IMBE). Ces protocoles, mis en place depuis 2022, sont élaborés pour répondre à 3 questions :

  1. Quelles espèces d’abeilles sauvages pollinisent quelles plantes cultivées?
  2. Quelle est la ressource florale quantitative et qualitative produite par les cultures? 
  3. Comment les pesticides affectent-ils des éléments peu connus de la santé des abeilles (stress oxydatif).

 

L’équipe SANTES a rejoint le projet en 2023 et participe

  • A l’évaluation de l’état de santé des abeilles domestiques, ayant butiné sur des exploitations florales (biologiques ou conventionnelles) en provenance de 7 établissements agricoles. Dans ce cadre, nous étudions l’expression de certains marqueurs de stress à l’échelle moléculaire et cellulaire,
  • A la mise en place d’une photothèque des traits morphologiques des pollens collectés sur les plantes visitées par ces pollinisateurs.

 

Les travaux des chercheurs et des actions menées par 16 établissements agricoles à l’échelle nationale visent à enrichir les bases de données existantes sur la pollinisation et à sensibiliser l’importance de la biodiversité dans l’agriculture.

Au niveau de l’IMBE, ce projet est également une collaboration entre les équipes SANTES (Nadira Taïeb, Pierre Henri Villard) et PopCo (Benoît Geslin).

Un autre aspect qui est abordé également au sein de ce thème est celui de l’encadrement juridique des Solutions fondées sur la Nature (SfN). En effet le droit de l’environnement actuel ne prend pas encore en compte les SfN en tant que telles pour l’instant. Des premiers pas existent cependant dans le domaine de la restauration écologique avec des textes règlementaires qui, au travers de mécanismes relevant de la démarche Eviter, Réduire, Compenser (ERC), posent le cadre de la renaturation, du réensauvagement ou encore de la libre évolution. Il s’agit la plupart du temps des mécanismes de compensation fondés sur la Nature. Ainsi, un stage de M2 financé par ITEM, en collaboration avec Elise Buisson, Thierry Dutoit et Clémentine Dutillot, a été consacré en 2024 aux enjeux juridiques de ces concepts.

De même, un autre domaine d’études poursuivi, celui des droits de la Nature, vient conforter les SfN. Faire des éléments de la Nature des entités naturelles juridiques (ENJ) permettraient de donner une nouvelle dimension aux SfN. En effet, aujourd’hui les SfN s’inscrivent dans une logique de services écosystémiques, dans un contexte juridique où la Nature et ses éléments sont des choses, des objets de droit appropriés ou appropriables. Les droits de la Nature, en prônant la reconnaissance de la Nature ou au moins certains de ses éléments comme sujets de droit, ont pour objectif de faire des éléments de la Nature des acteurs de leur propre protection et gestion par le biais de leurs représentants humains. La Nature et ses éléments seraient donc des partenaires de solutions équilibrées et durables qui s’appuieraient sur eux. Les travaux de recherche poursuivis visent donc à opérationnaliser les droits de la Nature et contribuer à l’avènement d’un droit des SfN.

Exemples de projets menés par l’équipe SANTES.

Le projet ANR DéMETER vise à Déployer une Méthode Efficiente, acceptable et opérationnelle de Traitement des sols pour réduire l’exposition vis-à-vis de la chlordécone et ses produits de dégradation

Malgré un arrêt d’usage depuis presque 30 ans, les sols de Martinique et de Guadeloupe représentent toujours une source continue de chlordécone pouvant être transférée vers d’autres milieux, comme les eaux de surface et souterraines. Réduire la contamination des sols est donc un enjeu majeur pour diminuer l’exposition et les impacts sur la santé humaine et sur l’environnement.

L’objectif de DéMETer est de lever certains verrous techniques et sociétaux autour de solutions de remédiations prometteuses, comme celles couplant la remédiation chimique et la phytoremédiation, afin de permettre leur mise en œuvre opérationnelle. Le projet DéMETer vise ainsi à déployer une méthode efficiente, économiquement viable, socialement acceptable et opérationnelle de traitement des sols pour réduire l’exposition vis-à-vis de la chlordécone et de ses produits de dégradation. Le projet vise à valider une méthode innovante de remédiation des sols (y compris agricoles) en s’assurant de sa possible mise en œuvre à grande échelle, tout en intégrant les représentations et attentes des citoyens face à la dépollution des sols.

DéMETer réunit cinq partenaires : l’IRD (UMR LISAH) Laboratoire d’Etude des Interactions entre Sol-Agrosystème-Hydrosystème et (UMR IMBE) Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale , un partenaire privé (VALGO), spécialisé dans la gestion des milieux dégradés, garant de la faisabilité des méthodes à une plus grande échelle que celle du laboratoire, le laboratoire Migrations, interculturalité et éducation en Amazonie (MINEA), le Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales (LC2S) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) (coordinateur).

 Début et fin du projet : Janvier 2023/2026 

Le projet VIMCAV vise à identifier la nature des polluants responsables de la prolifération des Ulves et fournir une solution « basée dur la Nature » pour pouvoir limiter cette prolifération.

L’augmentation de la population mondiale et le réchauffement climatique ont augmenté les phénomènes de marées vertes liés aux algues vertes Ulva latuca ou Ulves. Dans ce contexte, les résultats du projet VIMCAV permettront de fournir au gouvernement des données scientifiques fiables pour mener une politique publique adaptée et juste (arrêt éventuel de la stigmatisation des agriculteurs) à la problématique des marées vertes. Ce projet devrait permettre également de tester une approche « basée sur la Nature » pour limiter la prolifération des Ulves grâce à un virus spécifiques des Ulves existant naturellement sur les côtes provençales. Le succès de cette approche pour limiter la prolifération des Ulves pourrait avoir des répercussions au niveau national avec des applications en Bretagne et sur l’étang de Berre en Provence. Le faible coût de cette solution « basée sur la Nature » devrait également permettre des applications au niveau mondial comme en Tunisie dans le cadre de ce projet. Il pourrait sur le long terme contribuer à la préservation de l’environnement mondial en réduisant la destruction des écosystèmes liée à la prolifération des Ulves.

 Début et fin du projet : 2019/2025