Forza Alain

Triste nouvelle



Alain Bence est décédé à la suite d’un accident de moto survenu Dimanche 16 Août 2020.

Alain avait 50 ans et il était un membre de notre unité (IMEP puis IMBE) depuis 20 ans. Tout le monde a croisé son chemin au jardin botanique dont il s’occupait, en particulier lors de nos journées annuelles des doctorants.

Passionné par les cactées, il entretenait nos serres dont une partie est remplie de ses cactus qu’il donnait à tous ceux qui venaient le voir.

Il était chaleureux, sympathique et humainement très attachant.

Sa disparition nous touche beaucoup.

Catherine Fernandez, IMBE

En témoignage de notre attachement à Alain, voici un petit texte rédigé par Laurence Affre et remis à sa fille Emma, lors de la cérémonie d’adieu, jeudi 20 Août 2020 à Gap.

Alain, j’étais présente lors de ton recrutement il y a 20 ans et depuis que de souvenirs…
Tu as redonné une nouvelle vie au jardin botanique de l’IMBE à Saint Jérôme que tu voulais le plus sauvage possible sans produits chimiques. Tu étais triste quand les sècheresses ou les tempêtes faisaient sombrer les arbres rapportés de certaines missions scientifiques. Tu guettais la sortie des asperges sauvages que tu donnais aux uns et aux autres mais plus difficile tu guettais la mouche qui t’indiquerait où creuser pour trouver la truffe. Tu seras sans nul doute le seul à connaître ces coins secrets. Tu adorais cultiver toutes sortes de cactus que tu donnais aux étudiants, aux personnels AMU ou aux visiteurs avec tes précieux conseils de culture car cela te faisait plaisir de les voir repartir avec tes petits bébés. Tu m’envoyais des photos et des photos lorsqu’un tel ou un tel cactus fleurissait. Il faut aussi dire que tu étais le premier parmi la quinzaine de volontaires à construire à mains nues les deux serres dont l’une abrite tes précieux cactus. Mais tu préservais aussi les quelques pieds de Cyclamens pour me faire plaisir car c’était mon sujet de thèse. Ceci dit tu l’as fait aussi pour les Anémones et Orchidées d’Errol, les Sablines de Sami, les Primevères de Pascal, les Statice de Teddy, les Astragales de Pierre Jean, les Griffes de sorcière de Carey, les Cannes de Laurent, les messicoles d’Arne et tant d’autres… Tu ne voulais pas arracher les Figuiers de Barbarie même si je te rabâchais qu’il ne pouvait pas y avoir de plantes invasives dans ton jardin. Ceci dit tu as accepté d’arracher la Luzerne arborescente. Mais attention hors de question pour toi de toucher à la serre tropicale même en piteux état. Nous avons tous et toutes profité du jardin lors des nombreuses journées des doctorants IMBE au cours desquelles tu nous régalais avec ton barbecue organisé dans une vieille brouette et tu attendais patiemment que quelqu’un te demande de visiter le jardin pour raconter telle ou telle anecdote sur telle ou telle plante. Tu nous as créé un petit jardin potager dont tu faisais profiter un tel ou une telle. Tu distribuais les oranges amères à qui saurait fabriquer cette petite liqueur. Sur le terrain, tu farfouillais un peu partout pour débusquer une perle rare. Et quand tu arrivais au 421, je me disais « Ah ! Alain est là » car j’entendais de loin ta bonne humeur lorsque tu offrais ton petit bouquet de fleurs à telle ou telle gestionnaire. C’est clair Alain que tu es indissociable de ta passion des plantes. Ceci dit tu adorais avec ta petite grande Emma parcourir les collines à la recherche de fossiles de toutes sortes mais surtout d’œufs de dinosaures, aller pêcher sur le bord de tel ou tel rivage, ou chouchouter vos petits hamsters. Une très belle représentation de la biodiversité. Tes multiples selfies remplis de ta bonne humeur et de ton humanité inégalable resteront graver dans nos cœurs.

Laurence Affre, IMBE

Il a accompagné nos évènements et nos expérimentations au jardin botanique durant 20 ans

D’autres témoignages et contributions en son souvenir

Salut à toi, ô mon frère
Salut à toi mon grand copain
Salut à toi dans ton jardin
Salut à toi dans ta serre
Salut à toi et tes cactées
Salut aussi aux thailandais
Salut à toi la p’tite Emma
Salut à toi mon petit papa
Salut à toi le jardinier
Salut à toi le p’tit keupon
Salut à toi jeune garde rouge
T’as fait l’grand saut dans la Méouge
Salut à toi et mort aux cons
Salut à vous tous les zazous
Salut à toi le dissident
Salut à toi le coeur battant
Salut à toi t’es avec nous
Salut Alain on lâche rien

(merci aux Beruriers noirs... dont la chanson originale a accompagné Alain lors de la cérémonie d’adieu à Gap)

Brigitte Talon, IMBE
Alain, quelle tristesse d’apprendre ta disparition en ces jours d’été 2020, je t’ai connu dès mon doctorat en 2007 pendant mes expériences dans les serres du jardin, je t’ai vu au fil des années prendre soin d’un jardin qui est devenu un havre de paix et de biodiversité dont tu étais le gardien, toujours souriant, à offrir café et bonne humeur aux anciens et aux nouveaux, à nous faire remarquer des merveilles en fleurs ou des fruits murs au moment opportun, tu as partagé ta joie de vivre avec ceux qui t’approchaient, une grande perte humaine que de te voir disparaître si tôt, mes pensées vont à ta fille Emma et à ta famille.
 
Arne Saatkamp, IMBE
Cette nouvelle est vraiment un choc. Même si bien sûr je n’entretenais pas les mêmes liens très étroits que certains collègues de l’IMBE avec Alain, c’était une personne tellement sympathique que même si on ne le côtoyait qu’occasionnellement, il savait créer l’attachement par sa gentillesse et sa bonne humeur en effet légendaire. Curieux et intéressé des manips que l’on mettait en place au jardin botanique, il était toujours prêt à nous donner un coup de main, tout en nous montrant au détour d’une allée tel ou tel spécimen, floraison remarquable... je me souviens en effet des sourires radieux d’Annie Cochemé quand elle me disait ’c’est Alain’ en me montrant un petit bouquet de fleurs sur son bureau....sa présence chaleureuse nous manquera à tous....
Anne Marie Farnet, IMBE
Quand le téléphone à sonné je n’y croyais pas, ces paroles raisonnent encore dans ma tête « Alain est décédé », tu es parti pour un monde meilleur, mes pensée vont à ta famille et ta fille Emma dont tu étais si fier. Je garderais le souvenir de nos longues discussions quand tu venais boire le café dans mon bureau, on refaisait le monde, tes éclats de rire raisonnent encore dans ma tête, tu rendais toujours service aux uns et aux autres, tu était une très belle personne, tu incarnais la joie de vivre malgré tes problèmes personnels, sur ton visage se reflétait la joie de vivre, tu parlais avec passion de tes chers cactus, des fleurs que tu entretenais au jardin Botanique avec un engouement exemplaire.
Alain, tu vas sacrement nous manquer, repose en Paix au milieu des Anges
Martine Martinez, IMBE
Alain était comme beaucoup des plantes du jardin botanique : un spécimen rare, attachant, au vécu peu commun, rebelle face à un environnement qui lui en faisait voir des vertes et des pas mûres. Mais il était toujours là pour nous accueillir avec le sourire et nous faire profiter de tout ce qu’il savait, de sa force de vivre et de sa rage joyeuse.
Nous avons beaucoup parlé de nos cactus et succulentes, discuté terreau, arrosage, exposition, échangé des boutures... Nous nous sommes émerveillés, aussi, devant les fleurs que toutes ces plantes nous offraient !
Alain mérite que nous continuions à préserver et à conserver tout ce qu’il représentait et tout ce qui le représente, au jardin botanique et au-delà. Alors, nous allons continuer d’entretenir ses cactus et toutes ses autres plantes, et surtout de les faire fleurir, et son esprit restera présent au jardin pour encore longtemps !
Salut à toi l’ami,
Salut à toi qui est parti...
 
Nicolas Kaldonski, IMBE
Alain aimait les plantes. Le jardin botanique de la faculté de St Jérôme était son domaine. Il aimait surtout les plantes grasses et, en dehors de sa collection personnelle à Aix où il habitait, il avait développé des plantations autour de la serre exotique. Lors de nos études, nous venions visiter « son jardin » lorsque nous avions un petit trou dans l’emploi du temps et nous appréciions beaucoup son accueil toujours chaleureux. En 2007, nous avons créé l’Association E4 (Expertise Ecologique, Education à l’Environnement), association liée à la défense de la biodiversité et, sur une idée d’Alex Baumel, nous avons donné des cours en plein air dans le jardin botanique pour les classes des établissements scolaires de Marseille. A ces occasions, Alain préparait le jardin au mieux pour le confort des enfants. Lorsqu’il y avait des parents d’élèves accompagnant les classes, il leur faisait visiter la serre, le jardin, ses plantations et il ne manquait pas d’offrir une petite plante à ces parents qui étaient enchantés d’avoir ainsi découvert le jardin botanique. Alain avait beaucoup d’humour. Sur certains arbres il avait des petites anecdotes croustillantes. L’une d’elles : le ginkgo du jardin a des petits fruits avec une odeur très désagréable en automne. Quand Alain trouvait l’un de ses noyaux rogné par un écureuil, il nous disait en se marrant : « Ah ! Celui-là, qu’est-ce qu’il devait puer de la gueule en rentrant à la maison ! ».
 
Olivier Hidreau, Association E4
J’étais le directeur de l’IMEP (qui est ensuite devenu l’IMBE) quand Alain est arrivé pour s’occuper du jardin botanique et, pour lui, j’étais donc le « patron ». C’est ainsi qu’il m’appelait chaque fois qu’il me voyait et qu’il a continué à le faire, même après 2018 alors que je n’étais plus directeur de l’IMBE.
J’ai donc eu le plaisir d’être le « patron » d’Alain durant plus de 10 ans, mais un patron à qui il faisait la bise, avec qui il buvait des coups et partageait ses états d’âmes, ses moments de joie, ses galères et ses moments de spleen.
Nous ne nous voyons pas souvent, même si régulièrement il m’incitait à venir souffler un peu et décompresser au jardin, mais notre relation et nos échanges s’inscrivaient plus dans une logique amicale que professionnelle, de sorte qu’on discutait finalement plus comme des « cousins » (comme on dit à Marseille) que de véritables collaborateurs.
Bien entendu on n’était pas toujours d’accord, je devais souvent tempérer ses points de vue qui avaient les défauts de leurs qualités, tandis que de son coté, Alain m’invitait à ne pas « me prendre la tête ». J’appréciais son humanité et sa bienveillance pour les gens qui l’entouraient. Cette année les TP au jardin n’auront pas le même relief, ni le même intérêt…
Thierry Tatoni, Imbe

« Je ne lâche rien » nous répétait-il .. Nous entendrons encore longtemps raisonner son expression favorite et elle nous manque déjà. Nous ne lâchons rien Alain, et nous essaierons de faire survivre le jardin botanique en ta mémoire.

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La serre tropicale au coeur du jardin botanique en 2010, entretenue par Alain