Valoriser les déchets agricoles en fabriquant des biofertilisants

Nos collègues de l’IRD, de l’AMU et leurs partenaires cubains et tunisiens ont percé une partie des mécanismes biochimiques et microbiologiques impliqués dans la fabrication d’un engrais obtenu par fermentation de litière forestière et de déchets agricoles. Ils ont caractérisé les communautés de bactéries et de champignons impliquées, ainsi que certaines molécules actives. Ils ont aussi déterminé les conditions optimales pour parfaire la recette qui sera ensuite appliquée par le paysan. Ils montrent ainsi l’importance d’une fermentation anaérobie, qui favorise le développement de bactéries lactiques et de levures bénéfiques pour les plantes, tout en donnant un produit sain – exempt de champignons phytopathogènes – à l’odeur fruitée.

La méthode, initialement développée à Cuba, permettait de valoriser de la mélasse de canne à sucre ou du petit lait. Grâce au déchiffrage de ces processus, elle a pu être adaptée pour traiter d’autres résidus agricoles et produire des engrais naturels en quatre semaines. Elle est ainsi utilisée pour recycler le résidu solide qui reste après l’extraction du jus ou de la pulpe des tomates en Tunisie. Elle permet également de détoxifier et valoriser des tourteaux de jatropha, issus de la fabrication de biocarburant, au Burkina Faso. Adoptée par des organisations de développement rural, la technique est simple à mettre en œuvre, peu couteuse et adaptée à divers climats et latitudes. Il y a fort à parier qu’elle trouvera de nombreuses autres applications dans le monde.